Je suis la pause entre deux notes
qui s’harmonisent mal :
la note de la mort veut monter à l’aigu.
Mais dans la nuit de l’intervalle
toutes deux frémissantes
s’accordent.
Et le chant reste beau.
R-M Rilke, Le livre d’heures
Je suis la pause entre deux notes
qui s’harmonisent mal :
la note de la mort veut monter à l’aigu.
Mais dans la nuit de l’intervalle
toutes deux frémissantes
s’accordent.
Et le chant reste beau.
R-M Rilke, Le livre d’heures
Non : mon cœur deviendra une tour,
je me posterai sur ses bords :
là où il n’est plus rien, encore des souffrances,
encore l’indicible et l’univers encore.
Une chose perdue encore dans l’immense
que frappent l’ombre et la lumière,
un suprême visage encore qui désire
et rejeté dans l’insatiable,
un extrême visage de pierre
docile aux poids qui sont en lui,
que les lointains qui le tuent en silence
forcent à un croissant bonheur.
Rainer Maria Rilke : Le solitaire (Nouveaux poèmes, éd. du Seuil)