Le solitaire

Serrabonne

Prieuré de Serrabonne. Pyrénées-Orientales, 1997

Non : mon cœur deviendra une tour,
je me posterai sur ses bords :
là où il n’est plus rien, encore des souffrances,
encore l’indicible et l’univers encore.

Une chose perdue encore dans l’immense
que frappent l’ombre et la lumière,
un suprême visage encore qui désire
et rejeté dans l’insatiable,

un extrême visage de pierre
docile aux poids qui sont en lui,
que les lointains qui le tuent en silence
forcent à un croissant bonheur.

Rainer Maria Rilke : Le solitaire (Nouveaux poèmes, éd. du Seuil)

 

3 commentaires sur “Le solitaire”

  1. El duende dit :

    Tous ces monuments recèlent des trésors que votre oeil expert sait mettre en lumière.
    Je trouve que ces artistes anonymes faisaient montre d’une bien grande liberté dans leurs créations. Cette sculpture est vraiment vivante et porte en elle son poids d’humanité. Par delà les siècles l’émotion est intacte!

  2. Georges dit :

    C’est vrai que beaucoup d’entre eux sont restés anonymes alors qu’ils ont parfois produit des chefs d’œuvre. À Serrabonne, le joyau c’est la tribune sculptée dans le marbre, à l’intérieur, avec un bestiaire fabuleux. La photo est prise dans la galerie ouverte du cloître, où les sculptures sont beaucoup moins travaillées, mais où la lumière est intéressante, par contre. A l’intérieur c’est compliqué.
    J’avais entrepris un gros travail sur l’art roman entre 96 et 98 avec l’intention d’en faire un livre, mais j’ai dû l’interrompre et je n’ai jamais repris. D’ailleurs rien que d’en parler…

  3. El duende dit :

    Je ne connais pas Serrabone et très peu l’art roman de la région alors qu’il y a tant à voir surtout en Catalogne des deux côtés des Pyrénées ! Ma préférence va aux Monastères qui sont souvent dans des lieux remarquables : haut-perchés avec cette vision d’infini et à la fois refermés sur eux-mêmes, monde clos comme une matrice! IL faut vous y remettre, le sentiment de l’inachevé est source d’inconfort…