Au fond de notre nuit

 

Graminées

Graminées, juin 2009

” Rien ne peut altérer le tourbillon, lent ou rapide, de la musique, dans notre sensibilité. Rien que la musique, seule avec elle-même, dans la plénitude de ses charmes. Touchant à des parts de nous-mêmes que nous ignorions, et qui s’étonnent d’être ainsi évoquées et tirées des cavernes obscures où elles sommeillaient. Où elles auraient pu dormir toute une vie, la nôtre, sans que nous sachions jamais ce qui peut se cacher au fond de notre nuit.
Le plus clair, le plus profond, le plus riche, le plus étrange de tout l’or qu’en lui cache chacun de nous. Sans le savoir. Dans l’innocence du misérable qui, étendu sur des tas de chiffons, ne saura jamais qu’il vient de passer sa dernière nuit sur un sac d’or. Alors qu’il est mort de faim et de froid. “

Max Rouquette, Ils sont les bergers des étoiles

 

Une manière d’annoncer que le mois prochain paraîtra le n°4 des Cahiers Max Rouquette avec un dossier central sur “Max Rouquette et la musique“. Et qu’à l’automne le disque Rasims de luna (réalisé à partir du concert exceptionnel donné à l’Opéra Comédie de Montpellier en juin 2008 à l’occasion du centenaire de l’écrivain), devrait être enfin disponible.

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9 commentaires sur “Au fond de notre nuit”

  1. Je suis fan, c’est clair, absolu et certain…. chaque fois que je passe par là, la beauté m’attends…. je ne peux que te dire Merci.

  2. Georges dit :

    La beauté attend toujours quelque part, parfois elle est cachée sans qu’on sache exactement où. J’essaye de la débusquer et des fois ça marche. La magie de la photo c’est de pouvoir le partager. Merci à toi et à bientôt.

  3. Patrick C dit :

    Rouquette sait parler de la musique.Comme d’ un mystère antique ou d’ une parole sacrée.Il fait souvent penser à Messiaen, le plus grand compositeur français du XXème siècle.Pour l’ un comme l’ autre la mère fut poésie, les étoiles et l’ immensité une page ouverte…
    et ils sont nés à deux jours d’ intervalle.
    Bon sinon Hélène a raison ce site déborde de beauté…vraiment…
    Merci.

  4. el duende dit :

    Transformer des graminées en pluie d’étoiles c’est magique ! Quand à Max Rouquette, lui aussi savait aller à l’essentiel, au primordial : la recherche de toute une vie !

  5. Chris dit :

    Je suis d’accord : à chacune de mes visites aussi la beauté m’attend ! Merci à vous pour ce regard et cette sensibilité, essentiels …

  6. Georges dit :

    @ tous , merci !

    @ Patrick C :
    Concernant Messiaen, leurs mères respectives, Cécile Sauvage et Adèle Rouquette, se sont d’ailleurs rencontrées peu avant la naissance… Curieuses coincidences.
    Vous avez raison sur les points communs, sans parler des oiseaux, également très présents dans l’oeuvre de Rouquette. Vous avez peut-être lu ce magnifique récit dans Vert Paradis, Le millepertuis : un moine, parti cueillir des plantes, est envoûté par le chant d’un oiseau qu’il se met à suivre, oubliant sa cueillette et finissant par se retrouver dans un autre espace temporel. Impossible de ne pas penser à Messiaen.

    Mais ils sont aussi très différents : le langage musical de Messiaen, extrêmement novateur, est d’une grande complexité, même s’il s’est inspiré des chants d’oiseaux et d’anciennes traditions musicales. Max Rouquette se définissait lui-même, en schématisant, comme “un écrivain d’instinct beaucoup plus que de réflexion ou de pensée”. Il ajoutait “d’ailleurs je ne crois pas à l’écriture qui est le fait de la volonté de dire ceci ou cela… Cela vient des profondeurs et n’est pas arbitré par un quelconque désir de théoricien”.

    En tant que mélomane, Max Rouquette s’est arrêté à Stravinsky / Bartok / Ravel. L’atonalité et tout ce qui au XXe s’est trop éloigné de l’harmonie classique n’a jamais pu le séduire.

  7. el duende dit :

    “cela vient des profondeurs” : Rouquette disait vrai. il rejoint Joyce qui a dit “ce qui compte dans l’oeuvre d’art c’est la profondeur dont elle a surgi” le Clézio le dit aussi : “il n’y a rien à démontrer”. L’oeuvre d’art naît de l’émotion profonde comme “le rossignol dit toute l’émotion de sa chair” (dixit M. Rouquette), tente d’exprimer l’indicible du ressenti, n’a rien à voir ou si peu avec le raisonnement des intellos. il s’agit de saisir la vie dans un instantané. Comme vous le faites avec votre objectif, d’autres le font avec les mots et d’autres encore avec le pinceau… Peu importe l’outil…

  8. Georges dit :

    Absolument. Mais il y a toujours une part de raisonnement (et heureusement !). Certains artistes peuvent être plus spontanés et instinctifs tandis que d’autres sont amenés à élaborer des langages complexes et plus novateurs, moins évidents si on n’a pas les clés. Ce qui ne veut pas dire qu’une oeuvre qui est le fruit d’un cheminement intellectuel très complexe et que l’on ne saisit pas d’emblée, soit désincarnée ou dénuée d’émotion, simplement cela demande parfois davantage d’effort ou d’attention pour l’appréhender, parfois simplement de faire table rase de nos habitudes. (sauf dans les cas fumeux où à part le raisonnement il n’y a absolument rien)

  9. el duende dit :

    Oui, les deux existent. Et ceux qui sont “reconnus” sont souvent ceux qui ont apporté une innovation dans la forme, qui ne marchent pas dans les sentiers battus. Malheureusement ceux qui sont considérés comme les plus grands, sont ceux qui sont les plus abscons, donc les moins lus. Quand je lis que l’Ulysse de Joyce a fait l’objet d’un montage quasiment mathématique… cela a de quoi en décourager plus d’un. La beauté doit être accessible au plus grand nombre. L’oeuvre d’art doit parler d’emblée, toucher au plus profond avant tout. L’oeuvre d’art est issue de l’âme et doit parler à l’âme. C’est mon ressenti. Le Clezio n’est pas novateur, loin de là, mais il va au plus profond. C’est aussi le cas de Max Rouquette.