Non se sap pas l’ombra se seriá pas la lutz
nimai la lutz se dins ela es pas l’escur que grelha
e sauta de bartàs en bartàs d’espinhas e de ròsas
per semenar de la nuech lei parpalhons de fosc (…)
On ne sait pas si l’ombre ne serait pas la lumière
ni si dans la lumière ce n’est pas l’obscurité qui germe
et saute de buisson en buisson d’épines et de roses
pour semer de la nuit les papillons d’ombre (…)
Philippe Gardy, extrait de Mitologicas (éd. Fédérop)
Philippe Gardy vient de publier un tout nouveau recueil, Dins un cèu talhant de blau, aux éditions Letras d’òc.
Philippe Gardy nous ouvre une fenêtre sur des questionnements essentiels… A chacun sa recherche, à chacun sa vérité…
Quand à votre papillon dans sa perfection sophistiquée, dites-moi tout : d’où provient l’éclairage ?
Philippe Gardy est peut-être pour moi le plus grand poète de langue occitane actuel. Sa poésie est souvent jugée plus “difficile” que d’autres, en partie parce qu’elle interroge sans cesse, qu’elle entr’ouve à peine des portes sans jamais les ouvrir complètement, qu’elle laisse toujours une part d’ombre. En fait elle joue le plus souvent avec l’ombre et la lumière, et c’est peut-être en cela qu’elle me fascine en tant que photographe.
Pour l’éclairage de la photo : les herbes environnantes, avec un léger vent, projettent des ombres changeantes sur le papillon. Un des mes contextes photographiques favoris.
Gardy sent très fort les choses mais il se garde bien d’aller plus loin parce qu’il n’a pas la réponse et que notre vie n’est en définitive que questionnements. De quoi sommes- nous sûrs en définitive ? Si l’on y réfléchit, de presque rien… L’ombre et la lumière : toute notre vie oscille entre ces deux pôles. je comprends que ce thème essentiel soit au centre de votre recherche. Gardy est votre miroir. Nous touchons là à la transversalité des arts.
Très juste et parfaitement résumé !
Magnifique blog découvert grâce à D. Barrot ! Quel beau voyage à travers votre regard et les mots qui l’accompagnent…
J’ai encore beaucoup à découvrir…
Ces quelques paroles d’André Breton me sont venues à l’esprit en regardant vos parpalhons…
«Je n’attache aucune importance à la vie
Je n’épingle pas le moindre papillon de vie à l’importance
Je n’importe pas à la vie
Mais les rameaux du sel les rameaux blancs
Toutes les bulles d’ombre
Et les anémones de mer
Descendent et respirent à l’intérieur de ma pensée
Ils viennent des pleurs que je ne verse pas
Des pas que je ne fais pas qui sont deux fois des pas
Et dont le sable se souvient à la marée montante…»
ANDRE BRETON
Clair de Terre
Superbe, merci !