Cevena, 1994

Il y a tout juste un an, le 17 décembre, j’ouvrais ce blog avec une photo à laquelle je suis particulièrement attaché. Entre temps, paraissait un nouveau recueil de Philippe Gardy, Dins un cèu talhant de blau, dans lequel figurait un poème inspiré par cette image, et dédié à Marie-Jeanne Verny. L’anniversaire du blog était l’occasion de restituer l’ensemble.

Cévennes, 1994

Cevena, 1994

Fau montar quasi sus lo pus naut dau serre
per saber s’aqueu rai de clartat
a ras de cèu bas
es ben l’auba
que poja
a pas de lop entredormit
entre lei clapàs
ò se seriá pas
per avança
calabrun finissent
entre leis erbas sornas

l’agach s’es fach viu e pacient
fins qu’a temps que pòsca destriar
escondut dins lo gris aigós de l’aire
lo primier gran de clartat
la primiera vida
estrecha

e que de l’espera silenciosa
en finala
siá sortit
coma miracle
lo riu naissent dau jorn
fina telaranha
que l’arbre
solitari
vèn tot bèu just d’agantar au filat encara escur
de sei brancas immobilas

lo 24 de febrier de 2008, sus una fotografia de Georges Souche

Philippe Gardy, extrait de Dins un cèu talhant de blau, ed. Letras d’òc

Il faut monter au plus haut de la colline / pour savoir si ce rayon de clarté / tout contre le bas du ciel / c’est bien l’aube qui s’élève / à pas de loup endormi / entre les pierres / ou si ce ne serait pas / déjà / la fin du crépuscule / entre les herbes sombres

le regard est devenu vif et patient / jusqu’au moment où il pourra distinguer / dissimulé dans le gris humide de l’air / le premier grain de lumière / la première vie / étroite

quand de l’attente silencieuse / enfin / sourdra / miraculeux / le ruisseau naissant du jour / mince toile d’araignée / que l’arbre / solitaire / vient tout juste d’attraper au filet encore obscur / de ses branches immobiles

 

4 commentaires sur “Cevena, 1994”

  1. Mélanie dit :

    Bon blòganniversaire!

  2. Georges dit :

    Mercé Mela !

  3. el duende dit :

    Une lumière diaphane de premier matin du monde. Un arbuste arc-bouté sur la côte âpre,
    avide de capter les premiers rayons solaires. Le chemin long et caillouteux… Peut-être en haut y a-t-il un champs de coquelicots à l’espère ? M.J.V. a du être enchantée de ce poème subtil qui lui sied à merveille. A mon sens, c’ est une vestale qui entretient le feu sacré.
    Longue vie à ce blog enchanté…

  4. Georges dit :

    Merci el duende.
    Il devrait y avoir quelques nouveautés en début d’année prochaine si tout va bien, reste à trouver le temps de les finaliser et ce n’est pas gagné…