Non se sap pas

 

Lycénidé sur une graminée

Parpalhon de fosc, mai 2010

Non se sap pas l’ombra se seriá pas la lutz
nimai la lutz se dins ela es pas l’escur que grelha
e sauta de bartàs en bartàs d’espinhas e de ròsas
per semenar de la nuech lei parpalhons de fosc (…)

On ne sait pas si l’ombre ne serait pas la lumière
ni si dans la lumière ce n’est pas l’obscurité qui germe
et saute de buisson en buisson d’épines et de roses
pour semer de la nuit les papillons d’ombre (…)

Philippe Gardy, extrait de Mitologicas (éd. Fédérop)

Philippe Gardy vient de publier un tout nouveau recueil, Dins un cèu talhant de blau, aux éditions Letras d’òc.

 

6 commentaires sur “Non se sap pas”

  1. el duende dit :

    Philippe Gardy nous ouvre une fenêtre sur des questionnements essentiels… A chacun sa recherche, à chacun sa vérité…
    Quand à votre papillon dans sa perfection sophistiquée, dites-moi tout : d’où provient l’éclairage ?

  2. Georges dit :

    Philippe Gardy est peut-être pour moi le plus grand poète de langue occitane actuel. Sa poésie est souvent jugée plus “difficile” que d’autres, en partie parce qu’elle interroge sans cesse, qu’elle entr’ouve à peine des portes sans jamais les ouvrir complètement, qu’elle laisse toujours une part d’ombre. En fait elle joue le plus souvent avec l’ombre et la lumière, et c’est peut-être en cela qu’elle me fascine en tant que photographe.
    Pour l’éclairage de la photo : les herbes environnantes, avec un léger vent, projettent des ombres changeantes sur le papillon. Un des mes contextes photographiques favoris.

  3. el duende dit :

    Gardy sent très fort les choses mais il se garde bien d’aller plus loin parce qu’il n’a pas la réponse et que notre vie n’est en définitive que questionnements. De quoi sommes- nous sûrs en définitive ? Si l’on y réfléchit, de presque rien… L’ombre et la lumière : toute notre vie oscille entre ces deux pôles. je comprends que ce thème essentiel soit au centre de votre recherche. Gardy est votre miroir. Nous touchons là à la transversalité des arts.

  4. Georges dit :

    Très juste et parfaitement résumé !

  5. Line dit :

    Magnifique blog découvert grâce à D. Barrot ! Quel beau voyage à travers votre regard et les mots qui l’accompagnent…
    J’ai encore beaucoup à découvrir…
    Ces quelques paroles d’André Breton me sont venues à l’esprit en regardant vos parpalhons…

    «Je n’attache aucune importance à la vie
    Je n’épingle pas le moindre papillon de vie à l’importance
    Je n’importe pas à la vie
    Mais les rameaux du sel les rameaux blancs
    Toutes les bulles d’ombre
    Et les anémones de mer
    Descendent et respirent à l’intérieur de ma pensée
    Ils viennent des pleurs que je ne verse pas
    Des pas que je ne fais pas qui sont deux fois des pas
    Et dont le sable se souvient à la marée montante…»

    ANDRE BRETON
    Clair de Terre

  6. Georges dit :

    Superbe, merci !